26 mai 2008
Un peu d'histoire...
Une enquête, c'est dès le départ une recherche pour mieux comprendre le monde environnant et pour résoudre un problème, avec toute la complexité humaine que cela implique. C'est ce que nous rappelle l'histoire...
C’est en effet en Grèce, au VIe siècle avant le Christ, qu’apparaissent, à côté des premiers philosophes, des « écrivains en prose » ou « logographes » dont l’activité principale est d’observer le mouvement des astres, de recenser les récits des navires sur les contrées lointaines, mais aussi les mythes et filiations supposées divines des principales cités et familles de nobles. Les seules traces qui nous restent de ces premiers personnages se livrant à un début d’enquête rationnelle sur ce qui se passait autour d’eux, sont les fragments d’Hécatée de Milet qui a écrit un «Tour de la terre » (ou Périégesis), qu’il commence par une recommandation de prudence méthodologique invitant à ne pas tout croire : « J’écris sur ce que je crois être vrai ».
Hérodote ne se privera pas de critiquer et de ridiculiser les naïvetés de ces premières enquêtes ioniennes, en écrivant neuf livres « d’enquête » (historiaï), relatant le récit des guerres médiques. Il s’efforcera d’en livrer un récit faisant fi de légendes et gestes héroïques, en s’appuyant sur ses propres observations, recherches et recoupements des diverses sources, en mettant le lecteur en garde contre des détails qu’il n’a pu vérifier personnellement.
Le mot grec qu’il emploie et qu’on a pris l’habitude de traduire par « enquête », et d’où provient notre mot « histoire », montre le lien intime qui existe, dés l’origine, entre l’enquête et la reconstitution historique du phénomène observé: « historiè » signifie en effet en dialecte ionien originel « recherche, exploration », d’où « connaissance ».
Si Hérodote est le premier à avoir utilisé le mot « enquête » pour définir son activité historique, c’est Thucydide qui passe pour son représentant le plus célèbre, et pour avoir véritablement fondé la discipline historique telle qu’elle se pratique encore de nos jours. Il relatera l’histoire de la guerre entre les Péloponnésiens et les Athéniens dans son livre « d’enquête » (ou d’Histoire), en établissant une hiérarchie des faits, écartant les péripéties et le fabuleux, en chassant autant que possible son opinion personnelle, et en transformant le déroulement du conflit en un récit universel invitant à méditer sur les invariants de la condition humaine, qu’il nomme « anthropeïon », fondant ainsi la première forme d’anthropologie.
Avec lui, pour la première fois, l’enquête objective se double d’une recherche des explications et motivations subjectives des différents acteurs concernés, en s’appuyant sur les prémisses d’une psychologie ou anthropologie humaine.
Quelle plus belle définition de l’ enquête qui, nous ne devrions pas l’oublier, est étymologiquement parlant, dès les Grecs, une recherche et une exploration, un recueil d’informations, avec une dimension anthropologique permettant d’accéder à une nouvelle connaissance…
Quelles réflexions cet aperçu historique vous inspirent-elles ? N'hésitez pas à nous le dire, en faisant le lien avec aujourd'hui!
09:10 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0)