05 septembre 2011

Rentrée, rebond de la crise, retombées de l'étude qualitative et vidéo sur la consommation des ménages

qualitatif.gifRetour de vacances, retour de la crise. Finalement, selon toutes vraissemblances, la crise risque de suivre le cycle en "w" que nous avions évoqué précédemment: après un léger mieux et une reprise timide, la crise rebondit cette fois-ci au niveau des Etats, avec un risque sèrieux de récession et de contamination au reste de l'économie. C'est d'autant plus logique qu'aucune réponse structurelle n'a été apportée aux causes de la crise...

Résultats de l'étude CCCM pour FranceAgrimer, concernant l'impact de la crise sur la consommation des français. Plus que jamais, il est donc important de comprendre les enjeux réels de cette crise, et ses impacts sur les attitudes quotidiennes des français. Or, nous avons eu le plaisir de constater, ces deux derniers mois, que l'attitude pionnière et perspicace de France Agrimer qui avait souscrit dès 2009 à notre étude qualitative en souscription concernant les impacts de la crise sur les ménages, a porté ses fruits et a eu de très nombreuses retombées dans la presse professionnelle et grand public: articles dans Le Point, dans 20 minutes, ainsi que dans une dizaine d'autres revues et organismes professionnels (FNCPLA, syndicat agricole, agroalimentairenews, Agriculteur normand, Anjou agricole...) .

Pour ceux qui veulent en savoir plus sur les résultats principaux de cette étude, nous fournisons les liens des deux  principaux médias qui en ont parlé. Les résultats sont d'autant plus intéressants à consulter que FranceAgrimer a complété l'approche qualitative de notre institut CCCM, par une approche quantitative utilisant les données "Comptes de la Nation" de l'Insee et celles de Kantar, qui confirment et enrichissent nos propres analyses.

Plusieurs enseignements méthodologiques peuvent en être tirés. Le premier enseignement, rassurant, concerne la complémentarité entre les méthodes qualitatives et quantitatives. Même si les résultats de la phase quantitative permettent de pondérer, voire corriger des détails de la phase quantitative, il est toujours remarquable de constater que l'analyse approfondie d'une dizaine de ménages soigneusement sélectionnés, permet de saisir et comprendre des tendances de fond que le quantitatif viendra ensuite mesurer plus précisement.

Le deuxième enseignement concerne l'intérêt qu'il y a, pour arriver à de tels résultats,  à utiliser un éclairage multidisciplinaire faisant appel à plusieurs techniques qualitatives complémentaires: carnet de bord tenu sur un mois avec l'appui de photos, entretiens approfondis du couple et d'au moins un enfant pour recueillir les différents avis, analyse des placards, frigidaires et congélateurs, accompagnement des courses pour observer les comportements d'achat concrets, ont permis de faire émerger des tendances et des phénomènes dont les participants prenaient eux-même conscience grâce à notre recherche. Sans parler de l'apport, encore une fois démontré, de la vidéo réalisée par nos propres soins au domicile des personnes et pendant leurs courses, avec des résultats d'autant plus riches et vivants.

Qui peut le plus, peut le moins: n'oubliez pas qu'en plus de ces méthodologies de recherche complètes et pasionnantes, notre institut CCCM peut également réaliser pour vous des études ponctuelles à base d'observations, et/ou d'entretiens,  et/ou de réunions de groupe. Nous nous ferons toujours un plaisir de répondre à vos questions et questions et besoins !

Pour en savoir plus sur l'étude en question:

http://www.syndicat-agricole.com/actualites/actualite-con...

et l'article du point:

http://www.lepoint.fr/societe/alimentation-avec-la-crise-...

 

 

12 février 2009

Histoire du qualitatif, suite: les analyses sociales du 19°-20°

Reprise de notre brève histoire des études qualitatives, comme promis, en sautant des siècles pour en arriver à notre monde moderne !
Les premières enquêtes sociales apparaissent à la fin du XIX, quand des médecins, des fonctionnaires responsables de cas sociaux, et des prêtres, s’intéressent aux classes défavorisées pour mieux les comprendre et les aider. Ces précurseurs des travailleurs sociaux se déplacent seuls ou en paires, comme les anciens « missi dominici » de Charlemagne (cf notes précédentes), en se faisant parfois accompagner de commissaires de police. Face aux réticences des pauvres à se soumettre à leurs questions, ils se mettent à réfléchir aux méthodes qui leur permettraient de mieux recueillir des informations pertinentes. Ainsi Le Play, en 1862 (in « Instructions sur la méthode d’obtention dite des monographies de famille »), remarquera qu’en plus de noter simplement les faits et observations auxquelles il se livre, l’enquêteur a tout intérêt à gagner la confiance du foyer dans lequel il a pénétré, en laissant parler librementles enquêtés , quitte à accepter des digressions et des thèmes non prévus. « Mieux vaut écouter qu’interrompre » écrira-t-il. Pour la première fois, apparaissent également les « monographies familiales » invitant à tracer le portrait complet d’une famille.Entre 1889 et 1899, l’enquête sociale se fait exhaustive, avec une première recherche de Charles Booth sur les pauvres de Londres (1889 à 1891), puis avec l’enquête de Du Bois en 1899 qui réalise la première analyse complète de la communauté noire de Philadelphie. Il allie pour cela l’étude documentaire, statistique, avec des entretiens non directifs, et avec l’observation participante qui l’amènera à s’installer au milieu du quartier noir étudié.
Au début du XX°, ces enquêtes sociales vont devenir de véritables enquêtes anthropologiques. En 1916, Park, l’un des fondateurs de l’école de Chicago, affirme le pemier que les techniques utilisées par les ethnologues recensant les us, coutumes, croyances et pratiques des indiens d’Amérique du Nord, doivent pouvoir servir de la même manière à étudier les mœurs et modes de vie de quartiers urbains aussi dissemblables que le Greenwich Village populaire, la Little Italy immigrée, ou le quartier plus huppé de Washington Square à New York.
Un nouveau pas est franchi dans les années 1930 lorsque le même Park, associé à Thomas, va fonder dans les années 1930 la célèbre Ecole de Chicago qui privilégiera et thématisera le rôle des enquêtes qualitatives sur le terrain. Reprenant l’ensemble des techniques déjà citées (documentaires, statistiques, observations, entretiens, éclairage ethnologique), ces deux auteurs démontreront que l’ensemble des techniques qualitatives peut s’appliquer, non seulement à des « faits globaux et collectifs », mais aussi à des « micro-collectivités ». Ils prôneront l’analyse de la vie quotidienne des populations concernées, la recherche de leur mode de vie et de leur système de croyances, qu’il faut à chaque fois re-situer dans leur cadre et dans leur environnement habituel. Cette école aura un grand succès pendant la grande dépression des années 30, car les éclairages qualitatifs se contentent de quelques enquêteurs–observateurs pour comprendre un phénomène, et s’avérent moins chers que les recensements statistiques et quantitatifs. Une leçon à méditer en ces temps difficiles...
Elle disparaîtra quasiment des Etats-Unis après la guerre, mais aura eu le temps auparavant de se transmettre en France, en étant à l’origine du qualitatif approfondi « à la française » sur lequel nous reviendrons dans une prochaine note...